janvier 2019
Commerce et urbanisme
L’influence des approches théoriques d’urbanisme transnationales
sur les projets urbains
Regards croisés entre Montréal et Bruxelles
L’influence des approches théoriques d’urbanisme transnationales sur les projets urbains : regards croisés entre Montréal et Bruxelles,
Riurba no
7, janvier 2019.
URL : https://www.riurba.review/article/07-commerce/transnational/
Article publié le 1er janv. 2019
- Abstract
- Résumé
The influence of transnational theoretical urban planning approaches on urban projects: cross-views between Montreal and Brussels
This paper adopts a comparative approach to study the influence of international discourses in urban design practices in Montreal and Brussels through the analysis of six projects, three in each agglomeration of Montreal and Brussels. This approach enable us to highlight similarities and differences in the design process of those urban projects in each of the cities; and to determine how urban planning theories have influenced the relation that the projects have been establishing with the urban fabric of the two agglomerations. The results of our research show that Montreal and Brussels design practices from the 1950s to today tend more and more to engage with local conditions rather than comply with international standards.
Dans une perspective de regards croisés, cet article étudie la question de la réception locale des approches théoriques transnationales en urbanisme et de leurs influences à travers l’analyse de six opérations, trois pour chacune des agglomérations de Montréal et de Bruxelles. La démarche permet de comparer les similarités et les différences dans la mise en forme de ces projets urbains dans chacune des villes et de déterminer comment les théories urbanistiques ont pu influencer les liens que les projets établissent avec le tissu urbain des deux agglomérations. Les résultats de recherche montrent que les pratiques montréalaises et bruxelloises des années 1950 à aujourd’hui tendent de plus en plus à dialoguer avec les spécificités locales plutôt qu’à se plier à des standards internationaux.
post->ID de l’article : 3666 • Résumé en_US : 3699 • Résumé fr_FR : 3695 •
Introduction
Depuis 2012, la collaboration entre des chercheurs de l’École des Sciences de la Gestion de l’Université du Québec À Montréal (ESG-UQAM) et ceux de Metrolab Brussels de l’Université Catholique de Louvain (UCL) a permis la création de la plate-forme « Montréal et Bruxelles en projets ». L’objectif de la plate-forme est de développer des recherches et des échanges sur des problématiques concernant l’urbanisme et l’aménagement du territoire dans une perspective comparative entre Montréal et Bruxelles. Les activités de la plate-forme privilégient un regard critique sur les pratiques universitaires et celles du milieu de l’intervention par des échanges sur les questions d’urbanisme (Anamian, 2017[1]Ananian P. (2017). « Montréal et Bruxelles en projet : regards croisés sur les figures de projet de la densification et de la planification urbaine », dans Ananian P, Declève B, Montréal et Bruxelles en projet : regards croisés sur le projet urbain et les enjeux de la densification urbaine, Louvain, Presses universitaires de Louvain, 302 p.).
Une comparaison entre Montréal et Bruxelles au niveau de leurs pratiques respectives en aménagement urbain s’est avérée probante en raison du rôle que ces villes jouent dans la planification et la mise en œuvre de grands projets d’aménagement sur leur territoire. À Montréal, la planification passe par le service central pour les projets d’importance panmontréalaise, notamment par la division des projets urbains de la direction de l’urbanisme du service de l’urbanisme et de la mobilité. À Bruxelles, la situation est similaire avec les projets urbains d’intérêt régional gérés par Bruxelles Urbanisme et Patrimoine (BUP) et les projets d’aménagement de portée locale conduits par les services d’urbanisme des 19 communes bruxelloises. Ces réseaux d’intervenants sont susceptibles de permettre la diffusion des approches internationales en aménagement urbain dans les deux grandes villes que sont Montréal et Bruxelles. Notons enfin que les deux villes sont membres de l’Association Internationale des Maires Francophones (AIMF) et de Metropolis, l’association mondiales des grandes métropoles, deux lieux d’échanges qui favorisent la circulation des idées et des principes dans la fabrication de la ville.
L’évolution des approches d’urbanisme à l’échelle internationale
des années 1950 à aujourd’hui
Les grandes opérations d’urbanisme offrent une vitrine privilégiée pour la diffusion de pratiques d’aménagement urbain. Ces pratiques vont se propager à divers niveaux à l’échelle internationale et souvent prendre le relais sur les modes traditionnels d’urbanisation. Selon les recherches exposées dans le présent article, ces influences vont se traduire particulièrement dans la manière dont les projets entrent en relation avec la forme urbaine des villes telles que Montréal et Bruxelles. À la fin des années 1950, c’est la négation du contexte d’implantation qui va guider la transformation du tissu urbain montréalais et bruxellois, amenant de ce fait une problématique de discontinuité morphologique. Ces opérations sont incarnées par l’implantation des Habitations Jeanne-Mance à Montréal (Lortie, 2005[2]Lortie A. (2005). Les années 1960, Montréal voit grand, Montréal, CCA, 216 p. ; Marsan, 2016[3]Marsan JC. (2016). Montréal en évolution : quatre siècles d’architecture et d’aménagement, Montréal, PUQ, 752 p.) ou par la construction de grands ensembles d’habitation comme celui de la Cité Modèle lors de l’Exposition universelle à Bruxelles (1958). Ces deux ensembles bâtis planifiés sont caractérisés par un rejet de la forme de la ville traditionnelle et par la définition d’un modèle fonctionnaliste d’aménagement reproductible, d’où la notion de « style international » y étant associée (Russel, 1932[4]Russel HR. (1932). The International Style: Architecture since 1922, New-York, W.W. Norton & Co, 240 p.). Ces deux projets mettent l’emphase sur des formes géométriques pures et un aménagement visant un paysage homogène sans barrières physiques au niveau du sol (plan libre). La justification de ces formes d’édification se fait selon une approche moderniste prônant une réforme sociale par l’entremise de l’architecture et de l’urbanisme (Benevolo, 1983[5]Benevolo L. (1983). Histoire de la ville, Roquevaire, Éditions Parenthèses, 512 p.).
À la fin des années 1970 et au début des années 1980, on assiste à une pratique de l’aménagement urbain marquée par une volonté plus affirmée d’arrimage entre projets d’ensembles et tissu urbain, s’expliquant par la revalorisation de la ville historique par les concepteurs urbains (Ellin, 1999[6]Ellin N. (1999). Postmodern Urbanism, Princeton, Princeton Architectural Press, 392 p.). Notons également l’importance de la naissance de la notion de design urbain (Krieger et Saunders, 2009[7]Krieger A, Saunders WS. (2009). Urban Design, Minneapolis, University of Minnesota Press, 320 p.). Ceci va avoir une influence considérable dans la circulation et le renouvellement des pratiques urbanistiques à Montréal et à Bruxelles. Les concepteurs puisent leurs références de manière libre dans l’histoire et adoptent les façons de faire traditionnelles de la ville héritée. Nous passons d’un mode d’organisation spatiale homogène à une approche éclectique qui reste ouverte aux idées sur le « comment planifier », afin de trouver des solutions spécifiques à la problématique d’aménagement de la ville (Rowe et Koetter, 1984[8]Rowe C, Koetter F. (1984). Collage City, Cambridge, Mit Press, 185 p.). Ces expérimentations s’incarnent dans l’aménagement d’emprises désaffectées, tel que le Quartier Angus à Montréal et l’ensemble Les Jardins de la Couronne à Bruxelles, deux projets qui incarnent une tendance à un « retour du projet dessiné » (Novarina, 2003[9]Novarina G. (2003). Plan et projet. L’urbanisme en France et en Italie, Paris, Économica Anthropos, 233 p.).
Enfin, une démarche devant assurer une meilleure intégration entre environnements planifiés et vernaculaires se met en place progressivement dans les deux villes. Nous pouvons souligner, entre autres, l’influence de l’approche barcelonaise qui va avoir un écho à Montréal à la fin des années 1990 (Sokoloff, 1999[10]Sokoloff B. (1999). Barcelone ou comment refaire une ville, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 214 p.). Cette démarche, initiée par l’architecte urbaniste Oriol Bohigas, inscrit le projet urbain comme élément de structuration de la ville à l’échelle locale en réinterprétant les archétypes de la ville héritée et en se souciant davantage des communautés concernées (Bohigas, 1985[11]Bohigas O. (1985). Reconstrucció de Barcelona, Barcelona, Edicions 62, 302 p.). Notons ici également la diffusion et la généralisation d’études plus rigoureuses sur le tissu urbain comme base de définition d’une approche urbanistique. Nous passons ici d’une allégorie de « l’histoire urbaine rêvée » (Krier, 1979[12]Krier R. (1979). Urban Space, New York, Rizzoli International Publications, 174 p.) à une connaissance rigoureuse des caractéristiques de la ville réelle (Charney, 1980[13]Charney M. (1980). « The Montrealness of Montreal: Formations and formalities in urban architecture », The Architectural Review, vol. 167, n° 999, p. 299-302. ; Merlin, 1988[14]Merlin P. (1988). Morphologie urbaine, Saint-Denis, Presses Universitaires de Vincennes, 292 p. ; Vernez-Moudon, 1997[15]Vernez-Moudon A. (1997). « Urban Morphology as an interdisciplinary field », Urban Morphology, n° 1, p. 3-10.). Le projet du Faubourg Québec, situé directement à l’est du Vieux Montréal, traduit bien cette nouvelle donne, tout comme celui de Tivoli-Greenbiz à Bruxelles, qui ouvre la voie à l’émergence d’une approche plus durable dans la pratique du design urbain, ceci afin d’intégrer la demande sociale actuelle liée à la préservation de l’environnement. Le passage à un autre paradigme dans la conception des projets se fait par la diffusion de pratiques exemplaires généralement européennes (ARENE, 2005[16]ARENE. (2005). Quartiers durables. Guides d’expériences européennes, Paris, Agence régionale de l’environnement et des nouvelles énergies, 145 p.).
Dans ce contexte de diffusion des approches d’aménagement à l’échelle mondiale, nous cherchons à comprendre si les trois approches décrites précédemment (moderniste, postmoderniste et contemporaine) ont eu une influence comparable dans l’organisation spatiale et morphologique des projets réalisés depuis les années 1950 dans les agglomérations montréalaise et bruxelloise (pratiques parallèles ou distinctes ?). De plus, en comparant les projets des deux villes sur une longue période (de 1950 à aujourd’hui), il est également possible d’observer si ces approches ont eu les mêmes incidences sur la morphologie urbaine des deux villes et de déterminer à quel point les spécificités locales ont pu agir sur les influences extérieures (pratiques en ruptures ou intégrées aux spécificités locales ?).
Afin de comprendre comment les trois grandes approches théoriques décrites précédemment ont pu marquer sur le plan spatial et morphologique les formes urbaines montréalaises et bruxelloises, nous allons mettre en parallèle les Habitations Jeanne-Mance à Montréal (1957-1959) (figure 1, n° 1) avec la Cité Modèle à Bruxelles (1958-1972) (figure 2, n° 1). Ensuite, nous allons mettre en parallèle le Quartier Angus à Montréal (1994-1998) (figure 1, n° 2) et Les Jardins de la Couronne à Bruxelles (1995-2005) (figure 2, n° 2), et enfin, le Faubourg Québec à Montréal (2001-en cours) (figure 1, n° 3) et le projet Tivoli-Greenbiz à Bruxelles (2015-en cours) (figure 2, n° 3). Comme l’objet de la recherche de cet article est l’influence des approches d’urbanisme transnationales sur les projets urbains locaux, la comparaison entre Montréal et Bruxelles permet, premièrement, la mise en lumière des tensions et compromis dans la traduction spatiale des grandes approches théoriques en urbanisme dans ces villes, deuxièmement, de comprendre la portée des différences contextuelles bruxelloises et montréalaises, et enfin de montrer les impacts concrets de ces discours dans l’organisation des quartiers et de la forme urbaine de Bruxelles et de Montréal.
Afin d’analyser les projets réalisés à Montréal et à Bruxelles durant la période étudiée, nous allons utiliser une méthodologie développée dans des travaux de recherche antérieurs (Racine, 2016[17]Racine F. (2016). « Developments in urban design practice in Montreal: a morphological perspective », Urban Morphology, n° 20(2), p. 122-137., 2018[18]Racine F. (2018). « Planned built environments and city transformation: urban design in Montreal, 1956-2015 », Urban Design and Planning, n° 171(3), p. 99-111., 2019[19]Racine F. (2019). « The influence of urban design theories in the transformation of urban morphology: Montreal from 1956 to 2018 », Journal of Urban Design. [En ligne].). La démarche passe tout d’abord par une mise en contexte des projets (planification, mode d’intervention, etc.) et par l’analyse de leur concept d’aménagement à partir de la littérature. Par la suite, nous effectuons une analyse comparative du mode d’organisation au niveau du site, du parcellaire, du viaire, du bâti et des espaces libres des ensembles bâtis sélectionnés à Montréal et à Bruxelles (Panerai et al., 1999[20]Panerai P, Depaule C, Demorgon M. (1999). Analyse urbaine, Marseille, Parenthèses, 192 p.). Le mode d’implantation des bâtiments est également systématiquement observé et comparé, soit la façon d’implanter les bâtiments sur le site (relation des bâtiments au site), de les mettre en relation avec les voies (relation des bâtiments aux voies), de les adapter à la forme des parcelles (relation des bâtiments aux parcelles) et de les agencer afin de définir la forme des espaces libres (relation des bâtiments aux espaces libres). Enfin, à l’échelle du bâtiment, nous observons les modes spécifiques de composition architecturale. Nous allons conclure en comparant la relation que ces ensembles bâtis établissent avec le contexte limitrophe de Montréal et de Bruxelles. Ce travail de recherche s’est fait par l’analyse terrain et en plan des composantes et des modes d’implantation des bâtiments, et par l’observation de leurs caractéristiques architecturales et urbaines.
Approche moderniste et désagrégation de la forme urbaine
Les Habitations Jeanne-Mance, réalisées à Montréal entre 1957 et 1959, et la Cité Modèle, édifiée entre 1958 et 1972, sont deux opérations de logement social initiées par les instances publiques et qui se réclament explicitement toutes deux de l’orthodoxie moderniste. À Montréal, l’approche fonctionnaliste va progressivement s’imposer comme outil privilégié par les élites éclairées pour régler les problèmes sociaux et de conditions de vie dans les anciens faubourgs. Les penseurs de l’époque, imprégnés de théories hygiénistes, établissent un lien causal entre détérioration physique du cadre bâti et désintégration sociale, délinquance et prostitution (Choko, 1995[21]Choko MH. (1995). Les Habitations Jeanne-Mance, un projet social au centre-ville, Montréal, Éditions Saint-Martin, 128 p.). Agir sur le cadre bâti est pour les urbanistes de l’époque une façon de soigner les maux produits par la ville historique. Paul Dozois, membre du comité exécutif de la ville de Montréal, présente son plan en septembre 1954 (Dozois, 1954[22]Dozois J. (1954). Projet de rénovation d’une zone d’habitat défectueux et de construction d’habitation à loyer modique, Montréal, Comité consultatif pour l’élimination des taudis et pour l’habitation à loyer modique, rapport soumis au comité exécutif de la cité de Montréal, 75 p.). Après avoir étudié le problème du logement à travers la ville, principalement à partir de données statistiques, Dozois arrive à la conclusion qu’il est justifiable et opportun de procéder à l’élimination des ensembles bâtis qu’il juge insalubres et de les remplacer par des logements ayant les attributs du confort moderne. La mise en place d’opérations sur le tissu urbain va être rendue possible grâce à l’Acte d’Habitation Nationale, mis en place en 1954 par le gouvernement fédéral. En ce sens, ce cadre légal s’inscrit dans la tendance nord-américaine de l’Urban Renewal (Hall, 1988[23]Hall P. (1988). Cities of Tomorrow: An Intellectual History of Urban Planning and Design in the Twentieth Century, Oxford, Blackwell Publishing, 576 p.). Il permet la construction d’habitations subventionnées par le gouvernement fédéral lors de la démolition d’habitats dits insalubres. Un des lieux choisis pour l’implantation du projet de « rénovation urbaine » est situé dans un ancien quartier de Montréal, le faubourg Saint-Laurent, marqué par une concentration de typologies d’habitations ouvrières datant de la fin du XIXe siècle. L’opération de construction de 800 logements sociaux est l’occasion pour les tenants de l’approche fonctionnaliste de montrer le potentiel de leurs théories justifiant le remplacement d’une partie d’un faubourg par un projet fortement influencé par l’urbanisme progressiste (Choay, 1965[24]Choay F. (1965). L’urbanisme, utopies et réalités. Une anthologie, Paris, Le Seuil, 348 p.). Dans ce modèle, qui s’oppose point par point à la forme de la ville héritée, le parcellaire est effacé, la rue comme entité spatiale disparaît au profit de voies surélevées strictement véhiculaires, la mixité caractéristique de la ville ancienne est éclatée en zones résidentielles, de travail, de loisir et de circulation, selon les préceptes corbuséens (Le Corbusier, 1971[25]Le Corbusier. (1971). La Charte d’Athènes, Paris, Seuil, 185 p.).
Du côté de la capitale belge, la Cité Modèle, aménagée entre 1958 et 1972, était prévue pour représenter les idéaux de l’époque – modernisme et humanisme – lors de l’Expo universelle de 1958. Le projet est l’initiative de Fernand Brunfaut, président du Foyer laekenois, une Société Immobilière de Service Public (SISP) contrôlée par la Société du Logement de la Région de Bruxelles-Capitale (SLRB). Ce projet s’inscrit dans un contexte d’augmentation démographique, de pénurie du logement au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale et d’insalubrité du parc résidentiel des quartiers centraux (Anamian, 2014[26]Ananian P. (2014). « Bruxelles : le projet urbain au service de la ville internationale ? Enjeux et perspectives du redéploiement touristique et de l’évènementiel sur le plateau du Heysel », dans Kadri B, Dynamiques métropolitaines et développement du tourisme, Montréal, Presses de l’Université du Québec, p. 121-144.). En 1956, le Foyer laekenois cible un espace situé à la périphérie nord de l’agglomération bruxelloise afin de réaliser un projet dénombrant plus de 1 000 logements sur un site de 17 hectares. Cette opération « modèle », qui se voulait exemplaire dans la production de logements sociaux à Bruxelles, n’a pourtant pas pu être livrée à temps pour l’Expo 58. Les sociétés de logements sociaux, dont le Foyer laekenois, se serviront du modèle du parc à habiter pour produire de nouvelles opérations, la Cité Modèle devant montrer la voie à suivre (Declève et al., 2009[27]Declève B, Ananian P, Anaya M, Lescieux A. (2009). Densités bruxelloises et formes d’habiter, Bruxelles, Direction études et planification, 308 p.).
Concept d’aménagement
Le concept développé en 1957 pour les Habitations Jeanne-Mance par la firme d’urbanisme Rother, Bland et Trudeau, les architectes Greenspoon, Freedlander, Dunne et Morin, et le maître d’ouvrage, la Société Canadienne d’Hypothèque et de Logement (SCHL), est basé sur la démolition presque complète de huit îlots du faubourg Saint-Laurent. Seule une rue qui traverse le site est conservée. Pour la Cité Modèle, six architectes belges modernistes de grande renommée, dont Renaat Braem, architecte flamand, mettent en place une nouvelle trame, puisque le projet est implanté à la périphérie de Bruxelles et non dans la ville centre. Toutefois, la rue et les îlots comme modes d’organisation de l’espace urbain sont éliminés dans les deux opérations. Ceci pour permettre d’ajuster la superficie des espaces libres en fonction de la hauteur des bâtiments tout en assurant un ensoleillement adéquat. Le découpage parcellaire est également banni dans les deux opérations, car un grand espace « jardin » dédié strictement aux piétons est créé où la circulation se fait librement à l’écart des rues. Dans cet espace ouvert, l’implantation du bâti se fait selon la notion corbuséenne de plan libre (figure 3). Cette ordonnance libre mais orthogonale est orchestrée par l’implantation de tours afin de mettre en valeur les perceptions visuelles vers ces bâtiments signaux, tout en leur assurant un ensoleillement optimal.
Organisation spatiale
Pour les Habitations Jeanne-Mance, un axe s’inscrit dans le prolongement d’une rue nord-sud existante, la rue de l’Hôtel-de-Ville. Cet axe définit un cheminement piétonnier ponctué par le passage sous la tour la plus haute (figure 4). Ici, la notion de porte cochère, élément repris de la typologie d’habitations du faubourg, remplace celle de pilotis. Le cheminement piétonnier longe un vaste espace central. Pour la Cité Modèle, l’option d’un plan libre mène à l’établissement d’une trame orthogonale stricte sur laquelle sont apposées différentes typologies de bâtiments variant entre la tour et la barre, construits selon la technique du béton armé. Dans les deux cas, le cadre bâti est composé de bâtiments linéaires, de barres d’habitation et de tours signal. Pour Jeanne-Mance, il existe quatre tours et plusieurs barres d’habitation de trois étages qui viennent graviter autour d’espaces communautaires semi-ouverts. Pour la Cité Modèle, trois hautes tours délimitent un très vaste espace central, le cœur de la Cité, et trois tours périphériques pointent leurs faces latérales sur un vaste espace ouvert agrémenté d’une longue ligne horizontale formée par des barres de logements (figure 4). Généralement, les bâtiments linéaires définissent des espaces libres qui doivent permettre l’affirmation de la nature communautaire de chacune des constituantes du plan d’ensemble. Malheureusement, dans les deux ensembles, la plupart des espaces semi-ouverts sont dédiés aux aires de stationnement, limitant de ce fait leur utilisation à des fins collectives.
Deux ensembles isolés dans la ville
Comme nous le voyons, les Habitations Jeanne-Mance et la Cité Modèle suivent les principes d’aménagement propres au modernisme et constituent des ensembles isolés qui possèdent leur propre logique d’organisation spatiale. Conçus au départ comme une « ville dans la ville », ces ensembles devaient disposer des services et commerces de proximité permettant aux habitants de satisfaire leurs besoins quotidiens. La Cité devait disposer d’une école, de commerces, d’un centre de santé, de centres culturel et sportif, d’une bibliothèque, etc. Pour des raisons budgétaires, seul le centre culturel, la bibliothèque, une station d’essence, les bureaux du Foyer laekenois et un supermarché ont été réalisés. Quant aux Habitations Jeanne Mance, elles devaient être organisées autour d’espaces publics avec aires de jeux, qui ont été remplacées par des aires de stationnement. Bien que leur échelle soit différente, dans les deux cas, nous retrouvons des espaces publics aux statuts indifférenciés, des bâtiments implantés sans grands égards aux quartiers limitrophes. De fait, il s’agit de deux ensembles bâtis isolés contrastant avec l’organisation du tissu urbain de Montréal et de Bruxelles. Comme nous le constatons pour cette période, il n’y a pas vraiment d’adaptations locales, le courant transnational est appliqué tel quel, l’approche de conception reposant sur la négation du contexte et de la trame urbaine locale.
Approche postmoderne et amorce d’un dialogue
entre projet et forme urbaine
Le Quartier Angus, réalisé entre 1994 et 1998, et Les Jardins de la Couronne, construitsentre 1995 et 2005, font partie des opérations initiant une nouvelle ère dans l’aménagement urbain respectivement à Montréal et à Bruxelles. Ces années sont marquées par le déclin industriel et par la libération de nombreuses emprises désaffectées dans les deux villes, permettant ainsi d’envisager la reconstruction de la ville sur elle-même. Les projets réalisés à Montréal durant cette période visent également à contrecarrer la fuite des familles de la classe moyenne de la ville centre vers l’habitat pavillonnaire typique de la banlieue. L’objectif est de concurrencer la banlieue de type nord-américaine jugée trop individualiste. À Bruxelles, les objectifs du premier Plan Régional de Développement de 1995 de la région de Bruxelles-Capitale visent à améliorer le cadre de vie en milieu urbain et à freiner également la perte d’habitants du centre-ville à cause d’une production importante de bureaux en milieu urbain (Anamian, 2010[28]Ananian P. (2010). « La production résidentielle comme levier de la régénération urbaine à Bruxelles », thèse de doctorat, Université catholique de Louvain, 300 p.).
Le Quartier Angus, situé à la limite sud-ouest de l’arrondissement Rosemont-La Petite-Patrie, est implanté sur un site occupé de 1904 à 1992 par des ateliers de fabrication et de réparation de matériel ferroviaire du Canadien Pacifique (CP) (locomotives, wagons, etc.). Avec sa série d’ateliers de fabrication et de réparation, une fonderie et une forge, les usines Angus ont été le moteur de la formation du quartier Rosemont, dès 1902. D’ailleurs, l’ensemble a été intégré, dans les années 1980, au répertoire des bâtiments industriels patrimoniaux de l’ancienne Communauté Urbaine de Montréal (CUM, 1982[29]Communauté Urbaine de Montréal. (1982). Répertoire d’architecture traditionnelle sur le territoire de la Communauté urbaine de Montréal. Architecture industrielle, Montréal, Service de la planification du territoire, 300 p.). À Bruxelles, l’ensemble Les Jardins de la Couronne est construit sur le site de l’hôpital militaire d’Ixelles, édifié par la ville de Bruxelles en 1888 à une certaine distance de la ville. Le déménagement de l’hôpital, déclaré obsolète, et son emménagement à Neder-Over-Hembeek, a laissé une parcelle vacante de six hectares pendant plus de dix ans. Bien qu’une partie du site ait été affectée à l’Institut d’Hygiène et d’Épidémiologie (institut fédéral) dans les années 1980, la désaffectation du site a généré un obstacle majeur au niveau de la cohésion spatiale du quartier limitrophe.
Tout en voulant mettre en valeur la mémoire et les traces historiques présentes sur ces deux sites, les administrations publiques montréalaises et bruxelloises désirent maintenir des activités économiques sur ces emprises industrielles désaffectées. À Montréal, les études tendent toutefois à démontrer la faible viabilité économique du maintien de l’usage industriel sur l’ensemble du site des anciennes usines Angus. Un compromis est intervenu entre le promoteur du projet, le Canadien Pacifique, et l’arrondissement, avec la cession des terrains aux abords de la voie ferrée pour la mise en place d’un pôle tertiaire. C’est un organisme parapublic, la Société de développement Angus, qui est responsable des aménagements de cette partie du site. L’aménagement d’ensemble est marqué par la présence de deux acteurs : l’un privé, qui va s’occuper de la portion strictement résidentielle à l’est (Canadien Pacifique), et l’autre, un organisme parapublic responsable du développement d’un pôle d’emploi de la portion ouest (Société de développement Angus). À Bruxelles, le projet comporte plusieurs enjeux, dont le principal est de viabiliser la reconversion des anciennes friches militaires héritées de la dette régionalisée du logement social. L’ancien hôpital militaire d’Ixelles ainsi que les casernes Rolin et Dailly (à Etterbeek et à Schaerbeek respectivement) ont été acquises par la Société Nationale du Logement (SNL) auprès du ministère de la Défense. Ces terrains, qui au départ étaient destinés à n’accueillir que des logements sociaux, ont été contraints d’accueillir une mixité au niveau de la programmation de l’opération pour pouvoir attirer des partenaires privés, incontournables pour le redéveloppement des sites. Finalement, le site est racheté par la région de Bruxelles-Capitale qui envisage à l’époque un programme de réaménagement mixte comportant des logements, bureaux, équipements et un parc public.
Concept d’aménagement
Examinons le concept d’aménagement des deux projets de reconversion d’anciennes friches incarnant une nouvelle approche urbanistique. Béïque et associés, architectes, et la firme d’urbanisme Pluram, qui représentent le Canadien Pacifique, se sont chargés de réaliser les études nécessaires à l’élaboration du plan directeur du Quartier Angus en 1994. Trois bâtiments à valeur patrimoniale sont intégrés au plan d’aménagement d’ensemble, soit la Locoshop, le plus vaste bâtiment industriel de l’ensemble, l’édifice administratif et une station de pompiers implantée à l’entrée sud du site. La Locoshop, édifice de presque un demi-kilomètre de long, est scindée en deux afin de rendre le bâtiment plus adapté à l’usage commercial ou tertiaire et de permettre de percer une voie assurant plus de perméabilité à la partie sud du site (figure 5). La partie résidentielle est modelée avec des alignements bâtis le long des voies et de placettes publiques de voisinage, à l’image du clos ou du « close » anglais formé d’un regroupement de maisons articulées autour d’un espace semi-public en impasse (Panerai et al., 1997[30]Panerai P, Castex J, Depaule JC. (1997). Formes urbaines : de l’îlot à la barre, Marseille, Parenthèses, 196 p.). Cet archétype communautaire de la cité-jardin est prisé par les tenants du postmodernisme et du New Urbanism à l’américaine (Katz, 1993[31]Katz P. (1993). The New Urbanism: Toward an Architecture of Community, New-York, McGraw-Hill Professional, 288 p.; Talen, 1999[32]Talen E. (1999). Charter of the New Urbanism, New-York, McGraw-Hill, 2nd Ed., 320 p.). L’axe de desserte nord-sud des anciennes usines, la Midway, fait partie des tracés historiques à partir desquels le réseau viaire est structuré, alors que des voies majeures sont tracées dans le prolongement des rues existantes. Le projet Les Jardins de la Couronne, conçu par l’atelier d’architecture A.2R.C, préserve certaines traces présentes sur le site, dont les deux pavillons d’angle de l’ancien hôpital. Cependant, le bâtiment central, de style néo-Renaissance flamande, a été démoli au profit des nouvelles constructions et du parc. Le projet épouse la morphologie d’un macro-îlot structuré par la création d’espaces publics : un parc paysager d’un hectare, une place avec aire de jeux, une nouvelle rue et une promenade plantée (figure 5).
Organisation spatiale
La taille et la forme du parcellaire du Quartier Angus tendent à être adaptées à la hiérarchie des rues majeures et locales, des places et placettes. Un parc est installé à la jonction des deux types de fonctions – résidentielle et tertiaire – (parc Jean-Duceppe), selon une approche remettant en question la ségrégation fonctionnelle typique de l’approche moderniste adoptée lors de la conception des deux opérations examinées durant la phase précédente. L’ensemble du cadre bâti organisé le long de rues ou de placettes plantées est constitué de maisons en rangée (en face des placettes), d’immeubles de logements en plex (le long des voies majeures) et des immeubles collectifs le long des espaces publics majeurs, dont un grand parc qui articule la transition entre la portion résidentielle et tertiaire du site (figure 6). Généralement, il s’agit d’une opération permettant aux acheteurs de devenir propriétaires de leurs logements par une formule de copropriété. Pour Les Jardins de la Couronne, les bâtiments oscillants entre cinq et sept étages sont implantés sur rue, sur allées ou sur cours intérieures. Le parc central oriente l’implantation des immeubles collectifs linéaires et fédère les bâtiments organisés en îlots fermés (figure 6). Deux édifices linéaires bordent la nouvelle rue au nord du parc : la première, en front d’avenue de la Couronne, contient 30 000 m2 de bureaux organisés autour de trois grands atriums ; tandis que la deuxième, en forme d’arc, est constituée de 13 immeubles mitoyens (soit 259 logements) prenant accès sur la nouvelle rue et ayant leurs arrières ouverts sur le parc. Le bord sud du parc est encadré par deux bâtiments-îlots carrés fermés et la place publique. Les deux bâtiments-îlots contiennent respectivement 15 immeubles mitoyens (422 logements conventionnés) et 12 immeubles (253 logements sociaux). Tous deux contiennent un jardin commun en intérieur et des commerces en rez-de-chaussée (Declève et al., 2009[33] Op. cit.). Le projet établit un nouveau parcellaire avec de grands îlots rectangulaires délimitant des cours intérieures semi-publiques.
Deux ensembles distincts rattachés à la trame environnante
En résumé, les deux projets réalisés montrent la réactualisation de la figure de la rue, de l’îlot et de la place publique afin de structurer de nouveaux ensembles bâtis. La densité ainsi que la mixité fonctionnelle sont également des critères d’aménagement ayant nécessité une négociation entre des intérêts divergents des acteurs du développement urbain. Il s’agit de deux nouveaux quartiers d’habitat à proximité de réseaux de transport (train, tram, bus), de noyaux commerciaux et d’équipements collectifs (écoles, crèches, cliniques de santé, hôpital). De plus, ils présentent tous les deux une réponse visant une meilleure intégration des nouveaux ensembles planifiés au tissu urbain par la mise en place d’espaces publics dont la vocation de certains dépasse l’échelle stricte du nouveau secteur. À Bruxelles, la création d’un parc dans un quartier pauvre en espaces ouverts comme celui de l’avenue de la Couronne est viabilisée par la mise en place d’une densité bâtie affectée spécifiquement à la fonction tertiaire et par un rehaussement des gabarits des immeubles à appartements. Cette opération a permis à la région de Bruxelles-Capitale d’expérimenter un modèle de mixité sociale à l’échelle d’un macro-îlot. La mixité sociale se lit clairement dans la morphologie du projet urbain, qui organise la répartition des logements en fonction de leur filière de production (Declève et al., 2009[34] Op. cit.). À Montréal, pour relier le Quartier Angus au contexte, un nouveau square a été aménagé le long de l’entrée sud au site, tirant parti de la qualité architecturale de la façade pignon est de la Locoshop, de la façade du bâtiment administratif et de la tour de séchage des boyaux du poste de pompier. Le Quartier Angus a permis de créer des emplois dans un secteur en phase de désindustrialisation tout en amenant une nouvelle population qui a permis la revitalisation du quartier de Rosemont. Bien que marqués par un retour aux références à la ville historique, les deux projets constituent toutefois des ensembles urbains distincts rattachés à la trame environnante par des espaces publics et par le prolongement ou le côtoiement périphérique de voies existantes.
Approche contemporaine
et reconstruction de la ville sur elle-même
Le Faubourg Québec (2001-en cours), localisé à proximité du Vieux-Montréal, et le quartier Tivoli-Greenbiz (2015-en cours), non loin du canal de Willebroeck, poursuivent l’élan d’une intégration plus poussée entre environnements planifiés et vernaculaires. Ce réflexe d’intégration passe par une lecture plus poussée de la morphologie de Montréal et de Bruxelles. Ces projets impliquent également, à des degrés variables, l’émergence de nouvelles préoccupations, telles la prise en compte des aspirations de la population locale et certaines dimensions liées à un développement plus durable.
Situé en bordure du fleuve Saint-Laurent, à l’extrémité est du Vieux-Montréal, le site d’implantation du projet du Faubourg Québec a successivement été un secteur résidentiel au XIXe siècle puis une zone industrielle désaffectée au XXe. Ancien pied de colline mis à plat artificiellement, ce site se trouve en contrebas du bourg ancien de Montréal, situé à l’ouest. Le projet Tivoli-Greenbiz, quant à lui, se trouve à Laeken, à proximité du canal de Willebroeck, zone anciennement industrielle en processus de reconversion depuis la fin des années 1980. À Bruxelles, la zone du canal est identifiée comme zone prioritaire de développement depuis le deuxième Plan Régional de développement (2002) et moteur de revitalisation socio-économique. La zone du canal bénéficie notamment du statut de Zone d’Investissement Prioritaire (ZIP) dans le cadre du programme du Fonds Européen de Développement Régional FEDER (2007-2013).
Deux organismes parapublics ont agi dans la réalisation de ces deux projets. À Montréal, la SHDM (Société d’Habitation et de Développement de Montréal) a constitué un bureau de projet afin de permettre le développement d’un concept d’aménagement d’ensemble en recourant aux conseils d’architectes, d’urbanistes et d’experts indépendants. Le bureau de projet s’est également muni de plusieurs comités pour l’aider dans sa tâche. On retrouve un comité sociocommunautaire, un comité des représentants des milieux d’affaires et un comité aviseur universitaire. Des consultations publiques sont également organisées (Société d’Habitation et de Développement de Montréal, 1992[35]Société d’Habitation et de Développement de Montréal. (1992). Créer un nouveau quartier unique : sommaire du projet d’aménagement du Faubourg Québec, Montréal, SHDM, Bureau de projet Faubourg Québec.). À Bruxelles, c’est la Société de Développement pour la Région de Bruxelles-Capitale (SDRB) qui a acquis entre 2005 et 2010 les parcelles sur lesquelles se développe le projet Tivoli-Greenbiz, totalisant un site de quatre hectares et demi. Cet organisme public pararégional, qui avait également participé au développement de l’opération Les Jardins de la Couronne, a mandaté le bureau d’architecture et d’urbanisme MSA pour élaborer un schéma directeur. L’opération accueille un pôle économique dont l’incubateur Greenbiz (projet signé par l’association « Architectes Associés – Setesco – Stockman-FTI – Peutz & Associés – Cenergie – Health & Safety »). Greenbiz est financé par le Fonds Européen de Développement Régional (FEDER) et est orienté sur les entreprises à vocation environnementale et les ateliers de production. Le référentiel du développement urbain durable s’est imposé progressivement dans l’opération (Bilande et al., 2016[36]Bilande A, Dal C, Damay L et al. (2016). « Tivoli, quartier durable : une nouvelle manière de faire la ville à Bruxelles ? », Brussels Studies, n° 100, Collection générale [En ligne). Bien que la SDRB souhaitait promouvoir des logements passifs, la référence au développement et à l’architecture durables n’était pas utilisée jusqu’à un changement politique avec la présence du parti écologique en 2009. C’est alors que le projet Tivoli a été labellisé quartier durable.
Concept d’aménagement
Le projet du Faubourg Québec est l’objet d’une démarche ouverte sous la forme d’un concours de design urbain et de concours pour l’aménagement des espaces publics. Cette démarche « […] est l’occasion pour les architectes de faire valoir leur pratique où souvent s’oppose l’exacerbation de la signature des uns, à la disparition de l’effort créatif des autres » (Adamczyk, 1992[37]Adamczyk G. (1992). « Le faubourg Québec à Montréal. Le plan d’aménagement de la SHDM », ARQ – Architecture Québec, n° 65, p. 27-29.). Les études réalisées dans le quartier central de Montréal, soit l’arrondissement Ville-Marie, montrent que les quartiers centraux sont habités par une population hétérogène avec principalement des couples de professionnels d’âge et de revenus moyens. L’ensemble réalisé dans le Faubourg Québec propose une diversité de typologies afin d’accueillir des clientèles variées ainsi que des logements sociaux. On voit ici l’influence des approches internationales quant à la nécessité de la mixité sociale comme un facteur de qualité de l’environnement urbain. Le projet Tivoli-Greenbiz se veut également une opération d’aménagement innovante pour la région bruxelloise en matière de techniques de construction, d’économie d’énergie et de participation citoyenne. Le schéma directeur développé dans ce contexte spécifique a donné lieu à un permis de lotir en 2011 afin de poursuivre le développement du projet qui est toujours en cours.
Organisation spatiale
L’organisation du Faubourg Québec se fait en fonction de la poursuite de la trame urbaine existante au nord en prolongeant les rues jusqu’aux abords du fleuve. Les voies majeures du Vieux-Montréal sont également poursuivies vers l’est (figure 7). Toutefois, le plan d’ensemble prévoit une maille d’îlots doublée au sud, afin de mettre en place des îlots carrés pouvant accueillir des typologies d’immeubles appartements de plus forte densité tirant parti des vues vers le Vieux-Port et le fleuve. Selon les concepteurs, la trame traditionnelle, trop étroite, ne permet pas la construction de bâtiments d’une hauteur plus importante, que l’on préconise aujourd’hui pour densifier les villes. Deux langages architecturaux subsistent avec, au nord, une volonté de se raccrocher au contexte des faubourgs où on retrouve des habitations de trois étages de type plex (escaliers extérieurs de desserte des unités) généralement construites en briques. À l’image des matériaux des faubourgs de Montréal, la brique d’argile domine. Une architecture au langage plus moderniste est installée au sud, avec des maisonnettes formant le socle sur lequel sont superposés des immeubles appartements. Ces derniers sont percés de loggias et intègrent des ouvertures tantôt uniques, tantôt dédoublées ou triplées (figure 8). La maçonnerie de béton préfabriqué permet un raccord avec le matériau dominant de la pierre du Vieux-Montréal.
Pour le projet Tivoli-Greenbiz, le plan d’ensemble revisite la figure de l’îlot semi-ouvert et de la trame verte offrant un nouveau cheminement piétonnier planté traversant le site. Il s’agit d’une des premières opérations d’aménagement urbain durable de la génération des projets mixtes à Bruxelles, c’est-à-dire des projets qui font cohabiter la fonction résidentielle et des ateliers d’activités productives sur un même site (figure 8). Dans les deux cas, l’échelle de l’îlot s’impose aux designers urbains, et non plus celle du parcellaire afin d’insérer de nouveaux types d’édifices répondant à l’augmentation de la valeur foncière des terrains au centre-ville. À Bruxelles, les îlots semi-ouverts accueilleront à terme 400 logements, dont 30 % zéro énergie et 70 % passifs ; 1500 m2 d’équipements (deux crèches) et 1000 m2 de commerces. Le projet comprend donc 280 logements acquisitifs conventionnés et 120 logements sociaux, dont 5 % devraient être consacrés à l’habitat solidaire. Notons que les deux projets ont impliqué plusieurs équipes de concepteurs pour la mise en place de chacune des composantes du plan d’ensemble. Ils reflètent, à leur façon, une complexification dans le moyen de mise en œuvre des projets urbains à Montréal et à Bruxelles, et ce par rapport aux opérations des phases précédentes que nous avons examinées.
Des ensembles retissant la trame urbaine
En résumé, le concept d’aménagement de ces deux projets passe par une réinsertion du site à la trame urbaine existante. Pour le Faubourg Québec, cela s’est fait par la poursuite des axes structurants des quartiers situés au nord et par une liaison est-ouest au tissu du Vieux-Montréal (figure 7). La rue Notre-Dame est surélevée afin d’articuler, par une solution d’aménagement originale, les deux niveaux de la ville à cet endroit. La rue de la Commune est prolongée afin de poursuivre le front bâti riverain du Vieux-Port. Une nouvelle place est créée rappelant la présence d’une porte d’entrée de la ville fortifiée, la place Dalhousie. Le retour à une démarche plus rigoureuse d’intervention s’est traduit pour le quartier Tivoli-Greenbiz, par un concept articulé par la figure des îlots semi-ouverts connectés par une coulée verte qui relie l’opération aux quartiers avoisinants en diminuant les îlots de chaleur (figure 7). Le projet Tivoli-Greenbiz constitue un ensemble relié à la trame urbaine avec plus de densité. Il poursuit la trame viaire limitrophe en ajoutant un nouveau parcours semi-public constitué par une coulée verte. Le plan d’ensemble est structuré selon une maille d’îlots semi-ouverts découpés en petites et grandes parcelles afin de permettre l’implantation de maisons superposées et d’immeubles d’appartements de plus fort gabarit. En conclusion, le projet Faubourg Québec et celui de Tivoli-Greenbiz montrent l’exploration de nouvelles stratégies de densification arrimées à la configuration du tissu urbain de Montréal et de Bruxelles, démontrant ainsi l’émergence dans les deux villes d’une démarche d’intervention davantage en lien avec la forme urbaine existante. Les approches de conception s’inscrivent selon une définition plus actuelle du design urbain, soit une approche de conception et de réalisation d’arrangements physiques permettant d’assurer la transformation de la ville à travers permanences et changements (Choay et Merlin, 2010[38]Choay F, Merlin P. (2010). Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, Paris, PUF, 884 p.).
Résultats de recherche :
des pratiques parallèles ou distinctes,
en rupture ou intégrées ?
Au terme de cette analyse, nous pouvons déterminer la nature de l’influence des approches théoriques internationales d’urbanisme sur les ensembles urbains réalisés à Montréal et à Bruxelles. Les résultats de recherche sont colligés dans le tableau synthèse 1 (organisation des composantes des projets) et le tableau synthèse 2 (mode d’implantation du bâti). Ces tableaux permettent de comprendre l’influence des discours dans la mise en forme des projets analysés et de déterminer s’il s’agit de pratiques parallèles ou distinctes. Ils permettent également de constater l’influence des approches transnationales sur le degré d’intégration des projets à la trame urbaine des deux villes.
Les tableaux de synthèse 1 et 2 montrent que la phase moderniste s’est incarnée de manière fort comparable à Montréal et à Bruxelles, bien que l’échelle des Habitations Jeanne-Mance et de la Cité Modèle diffère fortement tout comme leur localisation dans la ville. Un élément distingue les pratiques dans la mesure où les opérations de construction de logements sociaux ne se sont pas réalisées dans les mêmes lieux. La ville de Montréal a choisi d’agir sur des problèmes sociaux en implantant son projet en plein cœur du tissu urbain, impliquant une complète démolition, tandis que Bruxelles a choisi d’intervenir sur sa périphérie pour implanter sa « cité modèle ». Pour l’un, s’est imposée la tabula rasa typique du mouvement moderniste, tandis que l’autre a plutôt choisi d’urbaniser un terrain situé en périphérie pour y implanter l’ensemble de logements sociaux. Notons quand même que d’autres opérations ont été réalisées dans le centre-ville à la même époque, comme l’opération Les Remparts des Moines qui a impliqué également des démolitions du cadre bâti existant. On a toutefois créé des enclaves avec tous les problèmes qui s’ensuivent (isolement, problèmes sociaux, etc.). Notons également que les deux projets n’ont pas rempli leurs idéaux communautaires. Dans le cas des Habitations Jeanne-Mance, les espaces semi-ouverts de nature communautaire ont été remplacés par des aires de stationnements. Dans le cas de la Cité Modèle, plusieurs équipements communautaires étaient prévus mais n’ont jamais été réalisés. Certains ont été réalisés 50 ans après, tout récemment lors d’une opération de rénovation et de densification de la cité. Un projet récent de requalification des aires de stationnement dans une perspective de diminution des îlots de chaleur et d’amélioration de la qualité des espaces publics a également eu lieu pour les Habitations Jeanne-Mance.
La phase du retour à l’histoire et aux références à la ville historique s’est fait sentir dans les deux villes, bien qu’à Montréal le Quartier Angus soit une opération privée encadrée par les acteurs publics et qu’à Bruxelles, Les Jardins de la Couronne sont un projet porté par le pouvoir public auquel la région de Bruxelles-Capitale s’est adjoint des promoteurs privés. Durant cette phase, chaque ville tente également à sa façon, de retenir les familles qui tendent à migrer de la ville centre vers la périphérie. Les deux projets sont marqués par la tendance de la reprise d’éléments typiques de la forme urbaine héritée. À Bruxelles, cela se traduit par le réemploi de la figure d’îlots construits à leur périphérie afin de délimiter des cours intérieures. À Montréal, on reprend en partie la structure des îlots montréalais et de son parcellaire typique. Dans les deux cas, on assiste à un travail d’organisation spatiale basé sur l’aménagement d’espaces publics reprenant la figure de la place, à Bruxelles, et celle du square, à Montréal. Enfin, les concepteurs recommencent à se servir des rues comme élément d’organisation de leurs ensembles bâtis bien que ces dernières ne soient pas toujours arrimées et en continuité avec la trame urbaine limitrophe. Enfin, il faut noter que les ensembles bâtis réalisés durant cette phase, bien que de facture distincte de leur environnement immédiat, sont rattachés à des degrés divers à la trame de Montréal et de Bruxelles (square et parc à Montréal, parc public à Bruxelles).
La phase contemporaine, caractérisée par une démarche plus intégrée d’intervention sur la ville, s’est matérialisée de manière différente à Montréal et à Bruxelles. Bien que les modes de conception s’apparentent et que les mêmes aspects sont abordés par les équipes de conception des deux villes, leur mise en œuvre a donné naissance à des projets qui s’arriment à leur façon au tissu urbain. La poursuite de la trame et l’ajout d’une vocation semi-industrielle dans le cas de Tivoli-Greenbiz ont résulté en un ensemble bâti urbain constitué d’îlots semi-ouverts et denses articulés par l’aménagement d’une coulée verte. À Montréal, l’adaptation au gabarit des faubourgs et à la présence du Vieux-Montréal a fait en sorte que le projet est un ensemble bâti composé de deux modes de densification utilisant la figure géométrique de l’îlot fermé, articulée par la présence d’un viaduc surélevé. Nous constatons toutefois que la composante de développement durable associée aux approches transnationales actuelles en urbanisme a agi davantage à Bruxelles qu’à Montréal. Cette dernière demeure à la traîne au niveau de ces nouvelles considérations. Il faut souligner ici le long processus de conception et de construction du projet du Faubourg Québec. L’amorce de la phase de conception du projet est antérieure à celle du quartier Tivoli-Greenbiz, de sorte que le discours associé à l’enjeu du développement durable n’a pu se matérialiser dans un projet d’aménagement à Montréal. Notons que des projets à venir s’inscrivent davantage dans les discours écologiques et de développement durable, soit la Cité Angus, en phase de construction dans le quartier du même nom, qui a été analysée précédemment. Tout en étant redevables, à divers niveaux, aux grandes approches théoriques qui ont scandé l’évolution de pratiques internationales de l’urbanisme, les pratiques montréalaises et bruxelloises de design urbain tendent chacune à se définir selon leur spécificité locale, procédant, par « emprunts sélectifs » (Ward, 2012[39]Ward S. (2012). « Reexamining the international diffusion of planning », dans Campbell SS, Fainstein S (dir.), Readings in Planning Theory, Hoboken, Wiley-Blackwell, 571 p.). La morphologie de Montréal et l’influence anglo-saxonne du square ont souvent alimenté les pratiques, tandis que l’îlot fermé avec cour centrale a nourri tout d’abord l’imaginaire des designers bruxellois pour, par la suite, explorer la notion d’îlot semi-ouvert (Accorsi, 2010[40]Accorsi F. (2010). L’îlot ouvert de Christian de Portzamparc, Bruxelles, Archives d’Architecture Moderne, 187 p.). Montréal est encore en attente de projets exprimant l’influence du paradigme du développement durable dans ses projets de design urbain. Nous voyons ici l’importance de comprendre le concept d’aménagement et le mode d’organisation des projets d’ensembles urbains réalisés depuis les années 1950 afin de saisir l’influence des grandes approches transnationales dans la transformation des formes urbaines montréalaises et bruxelloises. C’est à partir de la confrontation des idées et des pratiques du design urbain dans une perspective comparative qu’il sera possible de nourrir une approche critique et sensible de fabrication de la ville de demain.
[1] Ananian P. (2017). « Montréal et Bruxelles en projet : regards croisés sur les figures de projet de la densification et de la planification urbaine », dans Ananian P, Declève B, Montréal et Bruxelles en projet : regards croisés sur le projet urbain et les enjeux de la densification urbaine, Louvain, Presses universitaires de Louvain, 302 p.
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[27] Declève B, Ananian P, Anaya M, Lescieux A. (2009). Densités bruxelloises et formes d’habiter, Bruxelles, Direction études et planification, 308 p.
[28] Ananian P. (2010). « La production résidentielle comme levier de la régénération urbaine à Bruxelles », thèse de doctorat, Université catholique de Louvain, 300 p.
[29] Communauté Urbaine de Montréal. (1982). Répertoire d’architecture traditionnelle sur le territoire de la Communauté urbaine de Montréal. Architecture industrielle, Montréal, Service de la planification du territoire, 300 p.
[30] Panerai P, Castex J, Depaule JC. (1997). Formes urbaines : de l’îlot à la barre, Marseille, Parenthèses, 196 p.
[31] Katz P. (1993). The New Urbanism: Toward an Architecture of Community, New-York, McGraw-Hill Professional, 288 p.
[32] Talen E. (1999). Charter of the New Urbanism, New-York, McGraw-Hill, 2nd Ed., 320 p.
[33] Op. cit.
[34] Op. cit.
[35] Société d’Habitation et de Développement de Montréal. (1992). Créer un nouveau quartier unique : sommaire du projet d’aménagement du Faubourg Québec, Montréal, SHDM, Bureau de projet Faubourg Québec.
[36] Bilande A, Dal C, Damay L et al. (2016). « Tivoli, quartier durable : une nouvelle manière de faire la ville à Bruxelles ? », Brussels Studies, n° 100, Collection générale [En ligne].
[37] Adamczyk G. (1992). « Le faubourg Québec à Montréal. Le plan d’aménagement de la SHDM », ARQ – Architecture Québec, n° 65, p. 27-29.
[38] Choay F, Merlin P. (2010). Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, Paris, PUF, 884 p.
[39] Ward S. (2012). « Reexamining the international diffusion of planning », dans Campbell SS, Fainstein S (dir.), Readings in Planning Theory, Hoboken, Wiley-Blackwell, 571 p.
[40] Accorsi F. (2010). L’îlot ouvert de Christian de Portzamparc, Bruxelles, Archives d’Architecture Moderne, 187 p.