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Le 14 juillet 2016, une attaque terroriste au camion-bélier se déroule à Nice, sur la promenade des Anglais. Elle cause la mort de 86 personnes et fait 458 blessés. Le 19 décembre 2016, c’est le marché de Noël de la Breitscheidplatz à Berlin, qui est visé avec le même procédé, tandis que le 11 décembre 2018 à Strasbourg, le Christkindelsmärik fait l’objet d’une attaque à l’arme à feu tuant cinq personnes et en blessant onze autres. A la suite de ces évènements, les espaces publics des grandes villes voient leurs accès limités en même temps que fleurissent les blocs de béton anti-bélier.

Le 4 août 2020, deux explosions dans le port de Beyrouth se succèdent, la seconde (2 750 tonnes de nitrate d’ammonium) générant des dégât colossaux et un terrible bilan humain : 204 morts, plus de 6 500 blessés, ainsi que neuf disparus. Le quartier du port et une partie du centre historique sont à reconstruire.

Le 2 octobre 2020, des crues liées à des intempéries exceptionnelles ont dévasté les vallées de la Vésubie et de la Roya dans l’arrière-pays niçois. Des travaux colossaux sont nécessaires pour reconstruire routes, ponts, réseaux d’eau et d’électricité, pour un montant estimé d’au moins un milliard d’euros. Un préfet chargé de la reconstruction a été nommé.

Le 26 septembre 2019, un incendie se déclare à Rouen, sur le site de l’usine Lubrizol et des entrepôts de Normandie Logistique. Lubrizol est une usine de produits chimiques classée Seveso seuil haut (« à haut risque »). L’incendie génère un panache de fumée noire, qui atteint plus de 20 km. Il n’y a fort heureusement ni morts ni blessés à déplorer. Dans le cadre de la gestion de l’accident, différentes mesures sont prises pour la protection de la population (confinement, fermetures d’écoles…). Le site jouxte celui du projet d’éco-quartier Flaubert, le projet urbain phare de la métropole, dès lors remis au débat.

Printemps 2020, la pandémie liée au Corona virus implique aux quatre coins de la planète des mesures de confinement et de réorganisation du fonctionnement des villes, notamment des transports en commun. Des pistes cyclables sont tracées au sol dans l’urgence pour favoriser l’usage des moyens de déplacement doux et éviter l’afflux de véhicules automobiles utilisés par leurs seuls conducteurs.

Cet inventaire des crises brutales qui ont affectées des villes sur la période récente pourrait être allongée, intégrant l’incendie du vieux Lisbonne le 25 août 1988, l’attentat du 11 septembre 2001 à New York, avec la destruction du World Trade Center qui a ensuite suscité le projet sur Ground Zero, l’ouragan Katrina à la Nouvelle-Orléans fin aout 2005 ou la tempête Xynthia fin février 2010, le séisme en Haïti du 12 janvier 2010 ou celui de Mexico en 1985, le tsunami de la côte Pacifique du Tōhoku, au Japon, le 11 mars 2011, … A chaque fois, c’est la capacité de résilience des villes, des territoires et des sociétés concernés qui est interrogée. Quelle reconstruction, selon quel urbanisme, pour quels objectifs ?

Mais d’autres types de crises affectent les peuples, à la suite des guerres ou des mouvements migratoires. 

Ainsi, les camps de réfugiés palestiniens établis après la Guerre israélo-arabe de 1948 sont toujours là. Ce qui ne devait être que temporaire, s’est transformé en quartiers urbaines classiques, mais caractérisés par la grande pauvreté qui y règne et la surpopulation.

D’autres camps se sont multipliés au fil des malheurs du monde, au Rwanda, en Irak, au Malawi et ailleurs, des camps dont l’objectif est d’assurer les besoins fondamentaux des victimes de guerres, de catastrophes ou des migrants en attente : nourriture, hygiène, sécurité… avec la nécessité de retrouver une structure sociale.

La jungle de Calais, évacuée à plusieurs reprises depuis ses débuts en 2002 jusqu’au dernier épisode du 24 octobre 2016 a compté en 2015 jusque 3 000 personnes en attente de passage vers l’Angleterre ou de leur procédure de Dublin. A Paris les camps de migrants s’installent de manière récurrente dans les quartiers nord.

Bref, l’état de crise devient une situation chronique dans les villes et les territoires, certains en particulier, en raison de risques industriels déjà présents qui se potentialisent à un moment donné, d’une configuration climatique, morphologique ou sismique particulière, d’une situation géopolitique spécifique.

Face à ces crises multiformes, de quels outils disposent les acteurs institutionnels dans la période qui suit ? Comment sont-ils mis en œuvre ? Pour répondre à quelle urgence ? L’urgence sociale ? Economique ? Celle de la reconstruction du bâti ?

Quelle capacité des villes à apporter des réponses en cas de crise grave liées à la survenue d’un évènement violent lié à l’exploitation d’un site industriel (explosion, incendie…) ?

Quelle capacité à apporter des réponses à des crises brutales associées à des évènements climatiques ou des risques « naturels » ?

Quelle capacité de l’urbanisme à anticiper les crises ?

Peut-on évaluer l’efficacité des procédures d’amont, celles qui visent à se prémunir de ce qui serait prévisible (risques industriels ou « naturels ») ?

La notion d’urbanisme « tactique », mobilisée à l’occasion de pandémie de coronavirus en tant que réponse d’urgence à une situation de crise, représente-t-elle une voie pertinente ? Si les façons établies de faire la ville sont remises en cause, quels nouveaux modèles émergents ?

Face au risque terroriste, faut-il intégrer une réponse sécuritaire dans l’aménagement urbain, notamment en ce qui concerne les espaces publics ?

Face à la question migratoire peut-il y avoir des propositions solidaires qui permettent un accueil digne ?

A la suite des dérèglements climatiques, des nouveaux enjeux de la globalisation ou des questions de géopolitique, les interrogations que posent la multiplication des crises locales de tout genre, par essence toujours inscrites dans un territoire, une ville, interpellent les urbanistes. Quelles réponses peuvent-ils apporter, a priori dans le cadre de la prévention, a posteriori face à l’urgence ? Comment un monde de plus en plus incertain peut-il façonner des pratiques nouvelles ?

La RIURBA propose, ici, de défricher ce nouveau territoire de réflexion, pas encore bien balisé, mais dont tous, citoyens, élus, acteurs de l’urbanisme, chercheurs, ont conscience qu’il ne peut plus être ignoré. L’urbanisme de crise nécessite aujourd’hui des réflexions croisées grâce aux contributions de chercheurs ou de praticiens confrontés à cette problématique.

CONSIGNES AUX AUTEURS

Le format attendu est précisé à la page des consignes aux auteurs.

Les articles attendus peuvent reposer sur des études de cas, comparatives ou non, menées à différentes échelles et alimenter des réflexions théoriques. Ils peuvent s’inscrire dans un ou plusieurs des axes proposés. Nous attendons des auteurs que les articles proposés s’inscrivent dans la ligne éditoriale, celle d’une revue internationale de recherche sur et pour l’urbanisme. Les textes peuvent être soumis en français ou en anglais. Leur évaluation est organisée conformément aux principes des revues scientifiques (évaluation « en double aveugle »).

SOUMISSION DES ARTICLES

Les auteurs adresseront leurs articles avant le 31 mai 2021 au comité éditorial, à l’adresse suivante : secretariat@riurba.review.

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